Part of the "NIGHT OF RAGA" | On January 31th, 2015 | Philharmonie of Paris
With Pt. Kushal Das, sitar | Satyajit Tawalkar, tabla | Tulika Srivastava, tampura
The 1st production of ECHO Collective !
Pandit Kushal Das, natif de Calcutta, est considéré aujourd’hui comme un représentant majeur de la Maihar Gharana, l’école fondée au Madya Pradesh par l’honorable Ustad Allauddin Khan disparu à l’âge de 110 ans en 1972.
Il s’emploie ainsi à développer son propre style, dans la foulée de ses prolifiques prédécesseurs, qui ne sont autres que Pandit Ravi Shankar (sitar), Ustad Ali Akbar Khan (sarod), Maa Annapurna Devi (surbahar), Pandit Nikhil Banerjee (sitar), Pandit Pannalal Ghosh (flute) ou encore Pandit VG Jog (violon).
Tous, à la mesure de leur génie et de leur obsession musicale, ont révolutionné leur pratique instrumentale. Et quel exemple plus éloquent que le sitar ? Quasiment inconnu jusque dans les années 60, il fut porté aux nues par Ravi Shankar qui en présenta quelques-unes des infinies ressources sur les scènes du monde entier.
Le sitar, que la légende attribue à Amir Khusro au XIVe siècle, serait hérité du tambur perse. Les tarafs, ses cordes sympathiques, ainsi que sa forme imposante destinée à l’amplification dans les cours royales (durbar) datent, quant à elles, du XIXe siècle. Selon le regretté François Auboux, auteur de L’art du raga, musique classique de l’Inde du Nord, la spécificité acoustique du sitar s’incarne dans « une corde de bronze optimisée pour que la vingtaine d’autres cordes lui assurent un environnement qui enrichit sa sonorité… Une des difficultés du sitar est de porter toute la mélodie sur une seule corde. Une technique qui oblige des déplacements sur toute la longueur du manche et explique ses proportions par rapport à la caisse de résonnance. »
Kushal Das est né au sein d’une famille d’éminents musiciens de la capitale bengalie, phare culturel et conservatoire des traditions qui persiste et signe dans ce nouveau siècle. Son grand-père, Sri Bimal Ch. Das, s’imposa comme un joueur d‘esraj (sitar violon) réputé ; son père, Sri Sailen Das, fut un disciple du mystérieux joueur de sitar et de surbahar Pandit Lakhsman Bhattacharya, puis de Pandit Ravi Shankar ; quant à son oncle, Sri Santanu Das, il se forma auprès du prodigieux Ustad Ali Akbar Khan.
À l’âge de cinq ans, Kushal Das entre de fait dans l’apprentissage musical, guidé par son père et son oncle. Il poursuit sa pratique intensive sous la tutelle bienveillante de Pandit Sanjoy Banerjee, qui lui donne à explorer les règles de l’improvisation propre au raga. Son art s’épanouit parallèlement grâce aux soins dispensés par Pandit Ajoy Sinha Roy, disciple de Ustad Allaudin Khan, ainsi que ceux de Pandit Ramkrishna Basu et Pandit Manas Chakraborty qui lui lèguent un enseignement vocal.
En lui décernant le statut de Top grade musician en 2012, All India Radio officialise son entrée dans le sérail très convoité des maîtres révérés de l’Inde contemporaine.
Kushal Das s’inscrit dans la tradition classique de la géographie des modes, du continuum : sons, paroles, silences et gestes composent une vision du monde et du cosmos. Bien que particulièrement apprécié pour sa fidélité à la tradition du raga, il a sa façon bien à lui d’approcher la note, de l’ornementer avec toute la précision rythmique du cycle, du temps et de la mesure. Le subtil ordonnancement esthétique dont le virtuose pare ses récitals participe grandement au jaillissement de l’émotion musicale, mais si son art laisse une empreinte si durable dans la mémoire de l’auditeur, c’est pour sa résonance intérieure, thérapeutique, la profondeur communicative de son interprétation.
Kushal Das se veut le praticien d’une dévotion sincère. Les aspects techniques importent exclusivement s’ils servent une fin esthétique, s’ils confèrent une couleur particulière au raga. Il aime notamment faire référence à une technique qu’il est probablement le seul à maîtriser, transmise par son père qui l’aurait lui-même reçu de son premier guru.
Pandit Lakhsman Bhattacharya aurait observé une cérémonie ordinaire (puja) dans un temple au crépuscule. Il se serait attaché aux sonorités de trois cloches à l’harmonie inspirante : l’une logée dans la main du prêtre brahmane, l’autre suspendu devant la divinité, la troisième, un gong martelé par un dévot. Ces vibrations, il tâcha de les reproduire sur le sitar. Arati Jhala insufflerait la piété, la concentration et quelques autres vertus d’apaisement. Ravi Shankarji aurait lui-même insatiablement interrogé Kushal Das sur ce savoir revitalisé.
Kushal Das est généralement très apprécié des novices, autant que des férus de musique hindustani, en Inde mais également à l’étranger, et tout particulièrement en France. Il a notamment enregistré pour Ocora Radio France deux disques majeurs en 2000 et 2004.
Aujourd’hui, le musicien se produit sur de nombreuses scènes en Inde et en Occident. Et lorsqu’il est à Calcutta, la transmission occupe le plus clair de son temps. Ses élèves les plus avancés sont souvent récompensés lors de concours nationaux ; il donne par ailleurs des master classes en Europe et aux États-Unis.
⟨ Note de programme : Edith Nicol, avec la collaboration de Denis Teste | Collectif ECHO ⟩
ARTE LIVE WEB - video en ligne jusqu'au 31 juillet 2015