"The floating melodies", ainsi que les nomme mon ami Saurav Moni...
« Bateau, mon cher ami, / Tiens bon le fleuve, cher ami, / Suis le vent de Dieu, cher ami. / Ô mon ami, / La rivière ne compte ni berge ni rivage, / Et l’eau est ce violent bouillon, / Face à un tel danger, / Personne ne m’accompagne, / Ô mon ami, où donc es-tu ? »
Région des Sundarbans : d’innombrables rivières, telles des lianes lacérant un paysage salé, camaïeux de vert et gris ; des langues de terre flottantes que l’on devine menacées d’engloutissement à chaque crue ; des jungles éparses, comme autant d'encres enfouies dans le secret lagunaire – la mangrove, monopole des tigres et des cueilleurs de miel. Des villages de boue et de paille adossés aux digues, non électrifiés ; de petites parcelles entre pousses et sables, où s’égarent quelques chèvres chétives.
Au crépuscule, derniers scintillements des eaux dont l’apparence laiteuse a coutume de tromper ; une teinte rosée pour parfaire le ciel. De bas en haut, monde liquide et aérien absolument mobile, comme un miroir. Puis l’épaisseur poisseuse de la nuit. Et des hommes, sur la pointe des barques, se fiant aux étoiles…
Il est des endroits où le fleuve, omniprésent, et ses humeurs, décident de la destinée de chacun. Et personne ne se verrait contester sa puissance.